" Village
du Bourbonnais -
l'actuel
département del'Allier à vingt kilomètres au sud-ouest
de Moulins, Noyant fut un village minier à l'activité intermittente.
L'exploitation commencée d'une manière artisanale dès
le 16e siècle, a connu une expansion industrielle à la fin
du 19e siècle et surtout au début du 20e. A quelque cinq
cents mètres du bourg, des corons furent alors construits pour
loger les mineurs et leurs familles. A partir de 1921, des travailleurs
immigrés, surtout polonais, y arrivèrent nombreux.
En 1943, cependant, la mine qui n'apparaissait plus rentable fut fermée.
Les mineurs s'en allèrent travailler à la mine de Saint-Hilaire,
voisine d'une quinzaine de kilomètres, jusqu'à ce qu'à
son tour elle ferme, en 1949. Presque tous les mineurs partirent alors.
Seuls sont demeurés à Noyant quelques-uns de ceux qui approchaient
de la retraite. Ses forces vives en allées, de vivant, animé,
relativement prospère, humainement et économiquementéquilibré
qu'il était, Noyant dépérit.
La municipalité, dès lors, chercha à redonner vigueur
au village. Pendant longtemps elle réclama des pouvoirs publics
que quelque chose soit fait en ce sens. Elle était prête
à accueillir toute entreprise et toute population désirant
s'installer dans les corons déserts et les bâtiments désaffectés
de la Mine.
C'est ainsi qu'après les Accords de Genève sur le Viét-Nam
en 1954, lorsqu'une grande partie des ressortissants français d'Indochine
durent rentrer ou venir en France, le Service des rapatriés d'Indochine,
en accord avec la municipalité, ouvrit un Centre d'Accueil à
Noyant. Conçu pour une période limitée, sorte de
centre de transit de longue durée, ce Centre d'Accueil - il y en
eut d'autres :à Sainte-Livrade et Bias dans le Lot-et-Garonne,
Le Vigeant dans la Vienne, Saint-Laurent d'Ars dans la Gironde - devait
permettre aux familles démunies de s'adapter progressivement au
climat, à la vie, au travail en France et de s'intégrer
parla suitelà oùelles s'installeraient demanière
définitive.
Le premier
juin 1965, il y avait à Noyant 1 705 habitants 691 Noyantais (paysans,
gens du bourg, anciens mineurs) dont 504 adultes
187 enfants et adolescents.
1 014 "rapatriés d'Indochine" dont 264 adultes
750 enfants et adolescents.
Deux fois
moins d'adultes "rapatriés" que noyantais. Quatre fois
plus d'enfants et d'adolescents "rapatriés" que noyantais.
Pour sèchement
statistique que soit cette entrée en matière, elle n'en
lève pas moins un peu la surprise que l'on éprouve en arrivant
pour la première fois à Noyant. Cette population venue d'autres
horizons que l'on découvre dans ce village retiré du bocage
bourbonnais ; cette effervescence, au sortir de l'école, d'enfants
silencieux, qui gagnent rapidement leur logis des corons. Le calme de
la place du bourg. Les corons le plus souvent déserts.
Ils arrivèrent
d'Indochine, une nuit d'octobre 1955. Cet hiverlà fut particulièrement
rude. Tout le monde garde en mémoire l'image de ces nouveaux arrivés
peu préparés aux rigueurs du froid : les femmes étaient
légèrement vêtues, les enfants allaient pieds-nus.
"Il
faudra agrandir le cimetière, avait-on dit, 'ils' ne tiendront
pas le coup."
Ils tinrent
le coup.
Certains
sont encore à Noyant ; les autres en allés là où
ils ont trouvé du travail, dans la région parisienne pour
la plupart, ou partis au "camp" de Sainte-Livrade. D'autres
leur ont succédé, jusqu'au premier janvier 1965, date officielle
de l'arrét de l'accueil à Noyant.
C'est aussi
en cette année 1965 que nous avons séjourné à
Noyant pour effectuer l'étude de cette communauté. Une partie
des résultats en a déjà été donnée.
Lespages qui suivent développent des aspects complémentaires
à l'ouvrage de Pierre-Jean Simon, Rapatriés d'Indochine.
Un village franco-indochinois en Bourbonnais (1) . Dans cette étude
qui porte essentiellement sur la population adulte de Noyant, les enfants
apparaissent peu. Non qu'il n'y aient été perçus
comme partie intégrante du village ou que leurs problèmes
ne soient pas liés à ceux desadultes. Mais transplantés
avec leurs parents, ou nés dans l'émigration, leur vie mérite
bien un regard particulier.
Nous avons ici essayé d'éclairer sous deux angles différents
un même phénomène : la vie des enfants rapatriés
d'Indochine à Noyant : 1 - un angle d'aspect plutôt monographique,
où nous nous sommes contentée de décrire les enfants
dans leur milieu ; 2 - celui des relations avec ce milieu et le reste
du monde qui les entoure, à l'aide d'outils de travail - limités
et bien imparfaits, certes - que sont les questionnaires, les rédactions
et les dessins effectués en classe.
Mais, d'abord, qui sont ces "rapatriés" ? Certains le
sont réellement, ceux qui, nés en France, partirent comme
militaires dans les pays de l'ex-Indochine française. Démobilisés
sur place, ils s'y marièrent à des femmes du pays, en eurent
des enfants. Pour ceux-là, leur venue en France est un rapatriement.
Pour leurs épouses, par contre, et, d'une manière générale,
pour tous ceux qui sont nés au Viêt-Nam, au cambodge, au
Laos, à Pondichéry, métis, quarterons, Viêtnamiens
naturalisés ou Indiens citoyens français des Comptoirs il
s'agit plutôt d'une expatriation, d'un exil. Pour les enfants, d'une
transplantation. Le terme "rapatriés" bien qu'impropre
les englobe également....."
Ce texte
provient de l'étude de 2 chercheurs du CNRS , Mme IDA SIMON BAROUH
et PIERRE-JEAN SIMON, professeurs de sociologie qui ont habités
dans notre village. Ils m'ont gentiment autorisés la publication
de ce début d'introduction. Leurs livres "RAPATRIES D'INDOCHINE
: un village franco-indochinois en Bourbonnais" et "RAPATRIES
D'INDOCHINE seconde génération" , edition de L'HARMATTAN
, sont riches en informations et en anecdotes. Je ne peux que vous conseiller
de les lire , vous les rapatriés de Noyant , si vous voulez jouez
avec vos émotions..
Ce site est
un hommage aux différentes populations qui y ont vécu (française,
polonaise et asiatique rapatriés d'Indochine) , à nos parents
qui ont dû quitter leur natale dans l'espoir de nous offrir un meilleur
avenir.Il
est composé de plusieurs galeries de photographies de classes que
Mmes Binon , Laronde , Blanchet et Prevotaux m'ont gracieusement prétées.
Ce
site est un site purement informatif , il n' a aucun but lucratif. Il
ne vivra que par vous , par vos clics.
Il ne tiendra qu'à vous de le faire vivre et évoluer,
en m'envoyant les noms des éléves que vous reconnaitrez
, des informations sur le village , des liens d'anciens du village, etc..