MARIE-FRANCOISE LACARIN, vice-présidente du Conseil général
Histoire insolite par la richesse des hommes qui la portent.
Il faut faire quelque chose qui tienne compte de toutes les populations, qui ont la capacité du"vivre ensemble", de s’accepter avec ses différences.
Il est nécessaire de poser le cadre du cahier des charges : il traduira cette histoire particulière
dans un but de construire un monde de paix.
Julien CVT
S’adressant à Christian Duc :
Est-il envisagé de renommer le Musée de la mine en Musée de la mine et de l'Indochine ?
Ou bien, encore une fois, notre histoire ne servira-t-elle que de faire-valoir à ce projet ?
M. Duc a répondu « Non » à la demande.
S’adressant ensuite à M. le maire, Michel Lafay :
Est-il alors prévu, par la mairie, la création d'un Musée de l'Indochine à part ?
M. Lafay a également répondu par la négative.
Dimanche 20 mai 2012-Bilan-Réflexion
Présents : Christian Duc, Benjamin Moineau, Edouard Brassecasse, Jean Massini et son
épouse, Michel Lafay, Philippe Bogacz, Josiane Petiot-Touzery, Pierre-Jean Simon, Ida Simon-
Barouh.
Christian.– Toute cette matière a été engrangée pour réaliser une attraction culturelle et
touristique. Cette attraction pourrait effectivement être, comme cela a été évoqué hier, un
musée des rapatriés. Ce serait bien.
Mais cette attraction peut être une scénographie ou un musée, appelons-la comme on veut,
sur Noyant tout entier.
Je me suis fixé cette ligne de conduite, voilà trois ou quatre ans quand une Noyantaise, qui a
apporté son témoignage hier, m’a dit : « Attention, M. Duc, il ne faut pas oublier les
Noyantais de souche. On ne parle pour ce qui est de Noyant que des rapatriés, mais il y a
aussi les Noyantais de souche. » Et donc, je rajoute, il y a aussi les descendants de mineurs
et les descendants de Polonais.
C’est Philippe qui le dit le mieux : « C’est Noyant qui doit être le personnage du musée ».
Parler uniquement des rapatriés serait réducteur et cela manquerait de générosité.
Benjamin poursuit les témoignages par une intervention pleine d’émotion, en faisant appel à
ses propres souvenirs. Si les interventions d’hier donnent une impression positive, les aspects
négatifs du rapatriement et des conditions d’installation n’ont pas été soulignés parce que c’était « des souvenirs trop désagréables ». S’il se réfère à son expérience, il pense que les familles
arrivées avec des enfants déjà adultes ont beaucoup plus souffert que celles dont les enfants étaient jeunes. Celles-ci étaient beaucoup plus aidées, les services sociaux étaient plutôt
tournés vers elles.
Par ailleurs, les familles qui arrivaient méconnaissaient les lois françaises.
Il prend l’exemple de son père qui travaillait à Paris et qui n’a pu racheter ses années
d’Indochine pour le calcul de sa retraite.
Et lui, Benjamin, a dû abandonner l’école très tôt pour aller travailler. Mais il accomplissait un
travail d’adulte, payé au tarif adolescent.
Remarques faites sur la pratique du yoga et le travail sur soi pour analyser son histoire de
manière plus sereine.
Jean note que, si l’ambiance était très bonne pendant cette journée, il y avait un
soubassement (poli) de polémique, laquelle n’a pas été développée.
Josiane, pour sa part, remarque que pour commencer à analyser, il faut un peu de temps. Le
recul permettra d’être objectif. Cependant, elle fait remarquer qu’il y a eu un déséquilibre
temporel. Les discussions suivies une fois la journée terminée révèlent qu’une « boîte de
Pandore a été ouverte ».
Edouard.– En arrêtant les témoignages par faute de temps, nous avons frustré plusieurs
personnes qui auraient voulu s’exprimer. Une frustration que nous devons assumer et qui,
quelque part, est la rançon du succès de cette journée.
Nous avons suscité beaucoup de sincérité, et naturellement quelques polémiques. Si l’objectif
est de se dire et s’écouter, il faut accepter les polémiques. Dans le processus de se
comprendre et s’accepter, la polémique a sa place. Globalement, cette journée de témoignages
a été une première, un premier pas vers encore plus d’échanges et de rapprochements.
En raison de cette difficulté de se dire et s’entendre, qui a même existé à l’intérieur de la
communauté des rapatriés, nous n’avions communiqué jusqu’ici que par des fêtes. La fête était
le principal moyen de nous fédérer.
Philippe parle de tout le travail fait en amont autour des Polonais (recueil d’histoires de vie de
son grand-père et du film-documentaire en cours). Mais il note que les gens veulent rester dans
leur vie d’aujourd’hui et refusent d’ « ouvrir la boîte de Pandore ».
Christian relève la grande écoute générale.
Michel parle d’une journée positive.
Christian.– Pour ce qui est de ce musée, il y a des contraintes économiques qui font qu’il
devra être attrayant, c'est-à-dire traité avec des méthodes modernes d’attraction. En effet, les
visiteurs n’aiment plus lire de longs textes, ou encore se contenter de regarder des photos et
des documents d’époque. Cela peut sans doute être appelé du ludique, mais il faut que cela
plaise et que cela soit à la portée d’un enfant de 8 ans pour que les visiteurs puissent venir en
famille.
Malheureusement, il faut faire du chiffre car tous les musées culturels coûtent de l’argent et, il
faut le dire, des sommes considérables.
En règle générale, les élus ont moins peur de l’investissement, car il y a des cofinancements,
que de l’exploitation, car là il n’y a qu’une seule collectivité qui supporte cette charge et cette
charge se répète tous les ans.
Nous sommes donc condamnés à faire quelque chose qui plaît au plus grand nombre et
quelque chose qui soit économe en exploitation.
À mon sens, la technique de la scénographie répond actuellement le mieux à ces obligations.
Une scénographie est une suite de scènes avec des décors, avec ou sans personnage ; si
c’est avec des personnages, ils peuvent être grands ou petits. Il y a une bande-son et des éclairages qui s’allument et qui s’éteignent et on raconte une histoire.
J’ai dit hier au public que la suite des événements sur cette affaire dépendait de lui, du public
présent hier. En effet, dans une scénographie, on ne se contente pas uniquement de raconter
une histoire, on suscite des émotions et on fait passer le ou les messages que le visiteur
gardera après sa visite.
Si nous ne sommes peut-être pas capables de monter cette scénographie, de déterminer
chaque scène qui sera présentée, quoique ! Si nous ne sommes peut-être pas capables
d’écrire les dialogues et les monologues, il est impératif que nous gardions la maîtrise du
message que vous voudrez faire passer et des émotions que vous voudrez faire ressentir.
Voilà, à mon sens, le travail qui nous attend et qui vous attend.
Noyant d’Allier
Calendrier du XXe siècle:
1920 Construction du bâtiment actuel d’exploitation de la mine
1920 Arrivée des premiers Polonais
1929-1930 Nombreuses arrivées de Polonais
1943 Fermeture de la mine de Noyant
1944 18 juin : escarmouche avec les Allemands au Rocher noir, près de La Folie
14 juillet : sabotage du tunnel de La Mataire, près de Valtanges
1949 Fermeture de la mine de Saint-Hilaire
1954 Défaite de Diên Biên Phu
Hiver 1955 Arrivée des premiers rapatriés d’Indochine
1959 Installation du Foyer de la CIMADE (baraque verte)
1966 Fermeture du Centre d’accueil des rapatriés d’Indochine
1967 Constitution du groupe musical Jeunesse et amitié
1969 Création de la Cité des jeunes
1983 Début de réalisation de la pagode
1988 Premières arrivées de matériel minier
1994 Ouverture du Musée de la mine
2006 Manifestation du Cinquantenaire de l’arrivée des rapatriés
19 mai 2012 Journée témoignages