Marie-Claire Sirami-Lafay |
Après ma naissance à Moulins, à l’âge de 3 ans, mes parents sont venus habiter à Châtillon.
Je suis petit-fils de mineur polonais.
À Noyant, un de mes premiers souvenirs d’enfance est un choc esthétique très fort en voyant
arriver sur la place du bourg des femmes vietnamiennes en tenue traditionnelle.
Souvent en groupe, certaines de ces femmes parlaient fort et accompagnaient leurs paroles
de gestes et de rires bruyants.
Ce choc esthétique s’est doublé ensuite de la découverte de la langue. Puis enfin d’une
culture propre, manifestée d’abord par la cuisine lors des fêtes du Têt, puis par la spiritualité à
la pagode ...
Parallèlement, vers mes 17 ans, mon père décide d’aller voir son frère en Pologne.
Ce voyage est une découverte d’un pays encore et toujours en reconstruction, ravagé par les
conflits politiques, les désillusions, l’alcoolisme latent…
Pendant et après la guerre, ce sont les femmes qui ont "tenu" le pays. Elles continuent
d’occuper une place discrète, mais forte, dans les familles. Elles contribuent à organiser la
solidarité dans le voisinage.
C’est surtout cela qui ressortira de ce voyage : la solidarité et des vies dures mais
chaleureuses.
Plus tard, quand j’irai travailler et vivre à Paris pendant huit ans environ, je trouverai dans le
cosmopolitisme quelque chose de familier !
Ce brassage sera de nouveau quelque chose d’excitant et synonyme de richesse et
d’ouverture.
À Noyant, notre originalité vient de nos origines multiples. C’est en sortant de Noyant que
nous avons découvert que nous étions atypiques. Moi, je pensais que tous les villages étaient
comme le nôtre !
Nous sommes issus de cet ensemble multiple. Nous formons une mosaïque bigarrée,
colorée, un ensemble de cas particuliers avec chacun ses origines au sein du même village.
Notre village, c’est notre histoire, nos racines, notre fierté, notre empreinte, notre identité,
notre signe distinctif.
On est de Noyant, on naît de Noyant.
|