[Son grand-père était gardien à la mine, de 1928 à 1940. Propos recueillis par Christian Duc.]
La venue du Négus, l’empereur d’Ethiopie, fin août-début septembre 1937
Sa grand-mère la lui a raconté : une locomotive avec deux ou trois wagons arrive de Moulins,
avec des drapeaux français et éthiopiens partout. Elle siffle en arrivant aux corons. Le train est
arrivé en gare à coups de sifflet. Tout le monde s’est dirigé vers la mairie avec préfet, conseiller
général, maire pour les discours. Il y a eu un match de football entre des soi-disant Africains –
qui n’étaient autres que des gars de Meillers et de Gipcy barbouillés en noir – et les Diables
rouges.
L’électrification de la campagne
D’habitude, depuis le bâtiment de la mine, toute la campagne était noire la nuit. Quand il y a
eu l’électrification, on voyait des lumières dans la campagne. C’était un vrai changement qui
donnait une atmosphère nouvelle.
Le marché aux cochons le 29 septembre, à la Saint-Michel
Il y avait une activité tout à fait inhabituelle sur la place. Tout le monde amenait à vendre ses
nourrains (cochons de 100-120 kg). On amenait les cochons à pied par dix, douze et il fallait
quatre, cinq hommes pour conduire chaque troupeau. Puis on emmenait les cochons à la gare
pour les embarquer dans les wagons.
La vente des boeufs
En septembre, avant les labours, mon oncle vendait sa paire de boeufs la plus vieille, des
boeufs de 6 ans. C’étaient des betteraviers du Nord qui venaient les acheter pour sortir les
betteraves à sucre. La veille, on lavait les boeufs, on tondait le dessus de l’échine et, le jour fixé,
on les conduisait à la gare car il n’y avait pas encore de bétaillère.
Jour de paie à la mine
Il y avait toute une activité vers l’entrée du carreau avec des marchands ambulants :
charcutier, fruits et légumes, fermières. C’était la paie de la quinzaine. Les femmes venaient
chercher la paie, sauf pour les mineurs du poste 6 h-14 h. Eux prenaient la paie quand ils
sortaient de la douche.
En 1936 ou 1937, le passage du dirigeable
Le dirigeable allemand Zeppelin est passé à la tombée de la nuit, puis il est parti au-dessus
de la forêt de Messarges, en direction de Saint-Menoux, Agonges. C’était en septembre. C’était
la nuit et le dirigeable était tout éclairé. C’était impressionnant et féerique.
La Saint-Martin [écouté dire]
À la Saint-Martin, les bounhoummes venaient régler les dettes de l’année au maréchalferrant,
charron, sabotier, menuisier…
En 1926-1928, mon oncle à Valtanges va régler le sabotier de la place qui lui dit : « Père
Charles, vous me devez 100 kg de pommes de terre. » Le père Charles lui a apporté deux sacs
de cinquante pommes de terre chacun. Chaque patate faisait 1 kg. C’était des Beauvais.
Jour de marché
Le jour de marché, les mères polonaises venaient avec leur foulard sur la tête. Il y en avait qui étaient pieds nus. En 1928, quand les Polonais arrivaient à la gare, ils n’avaient qu’un
baluchon.
La moisson
Les Polonaises et leurs enfants glanaient derrière la moissonneuse-lieuse. Il y avait deux
lavoirs dans les corons, un vers l’infirmerie de la mine et un vers les nouvelles maisons. On
vidait les lavoirs et les gens qui avaient du blé glané venaient le battre au fléau dans les bassins
vides pour nourrir les poules et les lapins.
Genevieve Lorrain
Le mystérieux trésor du château
Au XVe siècle, vivait à Noyant un seigneur avare et cruel qui était la terreur de ses vassaux et
de ses voisins. Pour se mettre à l’abri de toute attaque, il avait construit un grand donjon carré à
mâchicoulis qui domine la colline de Noyant et fait creuser dessous des souterrains si vastes
que l’on pouvait s’y perdre. Aujourd’hui, malgré toutes les recherches, une grande partie n’a pu être retrouvée.
Au bout de ces souterrains, un habile ouvrier creusa une dernière caverne et la ferma au
moyen d’une roche qu’un mécanisme ingénieux faisait basculer à volonté. Lorsqu’elle était
abaissée, elle fermait si exactement le fond du souterrain que personne ne pouvait soupçonner
l’existence de la cachette.
Pour être bien sûr que personne n’en apprenne le secret, le mauvais sire enferma dedans
l’ouvrier qui l’avait creusée et l’y laissa mourir de soif et de faim. Ensuite, il porta lui-même dans
la caverne le fruit de ses rapines et en remplit d’or et d’argent huit grandes barriques.
Tandis qu’il arrangeait ses richesses, la torche qui l’éclairait tomba et s’éteignit. Dans
l’obscurité, le sire ne put retrouver la clé qui faisait fonctionner le mécanisme de l’entrée et,
comme personne ne connaissait sa cachette, il mourut misérablement de la même façon que
son ouvrier. On ne retrouva jamais son corps, mais on ne sait comment deux sorcières
connurent l’existence de son trésor et le lieu où il était caché. Elles en informèrent quatre
mineurs de Noyant et leur donnèrent les indications nécessaires pour le déterrer, en leur
recommandant de garder pendant toute l’opération le silence le plus absolu.
Suivant les indications, les mineurs creusèrent le rocher et découvrirent dans une sorte de
grotte une des tonnes remplies d’or ; ils passèrent une corde dessous et commencèrent à la
tirer. Mais, au moment où la tonne péniblement remontée touchait les bords de l’excavation,
l’un d’eux s’écria : « Nous la tenons ! » Aussitôt, la corde s’écourta, la tonne retomba et la voûte
de la grotte s’écroula avec un bruit effroyable, ensevelissant les mineurs sous les débris.
Depuis, le trésor n’a jamais été retrouvé. Cependant, si on en croit la légende, on pourrait s’en
emparer sans grand danger. Il y a bien longtemps, deux soldats qui passaient la nuit au bas de
Noyant aperçurent une lueur dans les buissons. Intrigués, ils s’approchèrent et virent un
fantôme blanc serrant entre ses dents une clé qui luisait dans la nuit comme un charbon ardent.
Le fantôme leur fit signe de prendre la clé, mais, effrayés, les soldats se sauvèrent à toutes
jambes. C’est dommage car s’ils avaient été plus courageux, ils auraient pu s’emparer du trésor
et sauver un pauvre damné. Le fantôme était, en effet celui du sire de Noyant dont l’âme ne doit
avoir ni trêve ni repos jusqu’au jugement dernier. En châtiment de ses crimes et de son avarice,
Dieu veut qu’il ait les lèvres et les dents sans cesse brûlées par cette clé qui lui a servi à cacher
ses trésors injustement acquis.
Toutefois, dans sa mansuétude, le Seigneur permet à son âme en peine de revenir dans la
clairière de Noyant tous les sept ans, au jour anniversaire de sa mort. S’il se trouvait un homme
assez hardi pour prendre la clé et le suivre, cet homme pourrait ouvrir le rocher et pénétrer
dans la grotte où se trouve le trésor et deux squelettes. Quand ces ossements auront été
ensevelis dans la terre bénite du cimetière, le supplice du seigneur de Noyant cessera et le
trésor appartiendra à son libérateur.
RENÉE GAWLAS née GIRAUDON
Relations à l’école : copines et belles relations.
M. Michelat, instituteur, qui apprenait le français aux Polonais et parlait aussi en polonais.
Wanda et le sacrifice (aucun souvenir).
Distractions rares : le foot très développé.
Son mariage avec M. Jean Gawlas : histoire d’un mariage mixte (parents ?) (*)