Les Derniers Arrivants
Christine Eumont-Camus, au Moulin Bassé

Anciennement, M. Brunet était le meunier.
Demi-polonaise, petite-fille de mineurs. Six mois après son arrivée, a été élue conseillère
municipale. S’est très rapidement intégrée à Noyant.
Cherche des informations sur l’histoire du moulin.

Hom Chhe

Cambodgienne. Arrivée en 1983 en provenance du foyer d’Autun.
Son époux, M. Chhe, était devenu entrepreneur bûcheron et travaillait beaucoup et bien.
Ecrasé par un arbre qu’il abattait. (*)



Caroline Guyenne

Je suis arrivée à Noyant d'Allier à 11 ans. Depuis, je ne me résous pas à quitter ce village si particulier du Bocage bourbonnais où les charolaises côtoient Bouddha.
Je suis arrivée en France en 1991 grâce au regroupement familial, avec ma mère, mes deux frères et ma soeur, pour rejoindre mon papa réfugié en France. Je venais d’un petit village où il n’y avait pas encore d’électricité. Cela a donc été un choc, mais pas un arrachement comme ceux qui ont dû quitter le pays en urgence, laissant tout derrière eux. D’origine vietnamienne et naturalisée française, je me sens avant tout noyantaise.
Quand je suis arrivée dans l’Allier, je m’appelais Nguyen Thi Phuoc Truong. Mon père était tellement fier que sa grande fille ait obtenu la nationalité française qu’il m’a conseillé de franciser mon prénom et mon nom. Pour remercier mon père d’avoir risqué sa vie en quittant le Vietnam, je n’ai pas pu lui refuser cette faveur. J’avais 11 ans et je ne parlais pas français.
On m’a mise en classe de CE2 car, en sixième, je n’aurais rien compris du tout. J’ai eu la chance d’avoir des enseignants efficaces et une maîtresse qui me donnait des heures de cours particulier de français supplémentaires. Cela m’a permis de me mettre à niveau très vite. Je suis allée au collège de Tronget, puis au lycée Banville en Economiques et Sociales, à Moulins… Certains disaient que je n’aurai jamais le bac. J’ai poursuivi mes études à l’IUT de Montluçon en Techniques de commercialisation. C’est en quittant Noyant pour aller faire mes études que j’ai compris que ma vie devait être ici. J’ai décroché un emploi à temps partiel au côté du député Yves Simon : sacrée intégration républicaine pour une jeune femme fraîchement arrivée en France. Je travaillais en parallèle aux Gîtes de France et au CAUE de l’Allier pour avoir un temps plein.
Avec mon compagnon, Nguyen Van Thao, passionné de cuisine, nous avons décidé de
reprendre le restaurant asiatique de Noyant en 2008. On s’est lancé et ça marche. Nous avons une clientèle très fidèle, qui nous recommande, nous amène des amis… Les amateurs affluent pour la qualité des plats confectionnés par Thao, qui propose une délicieuse cuisine vietnamienne maison, mais aussi pour l’atmosphère si particulière de Noyant, et enfin, pour notre accueil où nous partageons une part de notre histoire et de notre culture. Quand je reçois des groupes au restaurant, je leur propose toujours de les emmener visiter la pagode. C’est une manière de rendre ce que l’on m’a donné, mais aussi de partager ma culture. « Plutôt Vietnamienne ou Française », me demanderez-vous ? Je réponds : « Noyantaise ». Je cultive toutes ces cultures qui m’enrichissent, je pense.


Pierre-Jean Simon

Pierre-Jean Simon fait une remarque :
L’Histoire embellit la mémoire.
Ce qui a été retenu, c’est une vie consensuelle.
Cependant, la belle entente qu’on a relatée n’a pas existé. L’Histoire a arrangé les choses.
La tolérance s’est établie petit à petit.
Noyant est une véritable réussite. (*)